Coup de projecteur sur Pékin

Une ville, une société en pleine mutation


Cinq périphériques, rien que ça... Imaginez ces autoroutes de deux fois quatre voies encerclant la ville. Une ville de 14 millions d’habitants, démesurée, plate, s’étalant à perte de vue. Un Pékin déjà gigantesque, mais qui ne cesse de s’agrandir. Les J.O. 2008 et l’exode rural massif* alimentent un boom de la construction sans précédent. En pleine effervescence, Pékin est résolument tourné vers 2008, l’avenir. Après avoir obtenu les jeux, la municipalité a décidé de modifier 50% du tissu urbain pour créer une capitale « moderne ». Un certain nombre de projets pharaoniques ont été lancés, faisant appel à des architectes de prestige, comme pour le stade olympique ou le nouvel opéra. Une frénésie bétonnière qui fait qu’aujourd’hui la ville concentre le plus grand nombre de grues au monde. Le plus hallucinant, c’est que toute trace de chantier doit disparaître avant début 2008. Les principaux monuments historiques n’ont pas échappé au ravalement de façade ! Les chinois, d’ailleurs, ne restaurent pas, ils refont tout à neuf... (amis de la conservation du patrimoine, bonjour !) Pékin a conscience que le monde entier aura les yeux braqués sur elle. Face à ces constructions de masse, le gouvernement chinois et la municipalité de Pékin ont encore un bon nombre de défis à relever. Tout d’abord gérer de graves problèmes énergétiques et environnementaux. S’ajoute à cela des polémiques sur la destruction du vieux Pékin, avec la liquidation de pans entiers de quartiers populaires, les fameux hutong. Autre point sensible, les mauvaises conditions de travail des ouvriers sur les grands chantiers. Tous immigrés des provinces de Chine, ils seraient encore impayés pour la plupart. Ils n’ont donc pas de quoi payer leur billet de bus pour rentrer dans leur famille à l’occasion du Nouvel An Chinois.

Une ville, mais également une société en pleine mutation. Même si la population pékinoise est encore très peu métissée, la ville s’ouvre de plus en plus vers l’extérieur. Les occidentaux sont les bienvenus mais se font encore rares. La majorité des touristes sont nationaux. L’occasion ici de caricaturer le touriste chinois en visite. Le guide est repérable de loin avec son petit drapeau et affublé de son mégaphone. Autour de lui, un groupe bruyant d’au minimum cinquante personnes, plus ou moins attentives, mais très appliquées à prendre un tas de photos, dans des poses exotiques. C’est parfois vraiment comique à observer !

À l’image d’une vielle charrue tirée par cheval, qui surgit de nulle part au beau milieu d’un réseau autoroutier, Pékin, c’est ça, le choc d’un monde séculaire frappé par la modernité, un régime communiste répressif qui s’ouvre aux « joies » du capitalisme. Rendez-vous en 2008.

Charlotte & Guillaume

* Les experts prévoient 15 à 20 millions de nouveaux urbains par an jusqu’à 2020 en Chine.




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