Fin du Vietnam

Blanc ou noir


Nous savons d’avance que l’une des questions qui reviendra le plus souvent à notre retour sera : "Alors quel a été votre pays préféré ?!" Réponse difficile, mais en tout cas le Vietnam ne fera pas parti de nos favoris. Notre jugement ne peut être que subjectif, nous ne cherchons pas à convaincre ceux qui ont aimé ce pays, ni décourager ceux qui veulent s’y rendre mais simplement faire part de notre aventure ici.

Tout d’abord, traverser le Vietnam du Sud au Nord nous a littéralement épuisé. Il nous a parfois fallut plus de sept heures pour seulement faire 250 kms. Les routes ne sont pas toujours dans un très bon état et il faut partager la chaussée trop étroite avec un nombre conséquent de piétons, vélos, mobylettes, ou charrues, empêchant le bus de rouler à une allure correcte. On ne compte plus le nombre d’heures passées dans ces bus inconfortables, conduits par des chauffeurs irresponsables... On a vu notre bus percuter une touriste en déboulant trop vite dans un parking (heureusement sans gravité).

Ensuite, nous étions à bout, fatigués, usés... d’avoir à toujours tout, tout, tout négocier. Le Vietnam était le premier pays que nous visitions qui pratiquait une "discrimination touristique" aussi flagrante. Ici, aucun prix n’est affiché, c’est clairement fait exprès pour vous tromper. Même lorsque par hasard vous dénichez une étiquette dans un supermarché, le commerçant refuse de pratiquer le prix affiché et préfère ne pas vous vendre son produit ! Lorsqu’on est routard, en plus d’une réelle authenticité, manger ou voyager couleur locale constitue toujours la solution pour s’en tirer pas cher. Cette vérité ne s’est pas vérifiée au Vietnam. Même pour avaler un bol de riz sur un trottoir ou voyager dans un bus pourri, il fallait nous battre pendant des heures pour payer le prix normal. Raison invoqué sans complexe, à cette inflation : « parce que vous êtes des étrangers ! » Donc à prestations égales les prix étaient systématiquement gonflés. Pas plus de répit dans les restaurants plus chics où il y a une carte écrite en vietnamien et une autre écrite en anglais. Les prix ne sont évidemment pas les mêmes, on vous laisse deviner sur laquelle. Dans la plupart des pays, à part les chauffeurs de taxi qui tentent toujours de vous gonfler le prix de la course, ou l’entrée des sites touristes souvent plus cher pour les étrangers, nous n’avons jamais eu de surprises de ce genre. Certes le coût de la vie local n’est pas cher et nous comprenons que les Vietnamiens tentent de tirer parti de ses visiteurs, mais nous dénonçons totalement ce genre de pratiques. En effet, trop souvent nos relations avec les locaux ont été perverties à cause de l’argent. On trouve cela extrêmement dommage. Nous avons même été victimes d’une arnaque. Et oui, aussi vigilants que nous sommes, on s’est fait avoir ! Une mésaventure avec un agent local à Vinh censé nous vendre une place de bus pour Vientiane, la capitale du Laos. Une fois dans le bus le lendemain matin, nous avons très rapidement suspecté la supercherie. Ce bus n’irait jamais à la bonne destination... Nous sommes immédiatement descendus et avons tenté de récupérer notre argent. Le plus désolant dans cette histoire, ce n’est pas la vingtaine de dollars que nous avons perdu, mais plutôt notre motivation qui en a pris un coup... Trop fatigués d’avoir à affronter toutes les difficultés pour rejoindre et traverser la frontière, nous avons au final renoncé d’aller au Laos.

Et puis selon nous, outre la baie d’Along, le Vietnam ne recèle pas de merveilles naturelles si extraordinaires que ça et compte très peu de villes justifiant un réel détour. Dommage que l’explosion touristique de ces dernières années ait autant défiguré certains coins tranquilles. Par-dessus tout, on déplore l’extrême saleté du pays... (voir notre rubrique Muiné). Impossible également de marcher tranquillement dans la rue sans se faire alpaguer toutes les trois secondes par un chauffeur de mototaxi, un marchand ambulant trop insistant ou un rabatteur un peu louche. Et oui, il faut le savoir le touriste est toujours très sollicité ! Ajoutez à cela les crachas précédés d’un profond raclement de gorge, le décor quotidien est planté... Conscients que cela fait parti de la « culture locale », il faut avouer tout de même qu’à la longue cela devient insupportable.

Allez, on ne veut pas faire un tableau tout noir du Vietnam, car une chose est sûre, en dehors des « professionnels du tourisme », ses habitants sont d’une gentillesse extrême. Sincèrement, nous avons rarement reçu autant de sourires et de compliments chaleureux qu’ici. Nous avons également eu la chance de faire quelques très belles rencontres, comme celle avec M. Ky, à qui nous avons dédié une chronique spéciale. Nous remercions également Grégoire, expatrié français sur Hanoi. Nos derniers jours passés ici avec lui, nous ont indéniablement réconcilié avec le Vietnam. Avec ses femmes aux chapeaux coniques, ses rizières à perte de vue, ses marchés si hauts en couleurs, le Vietnam est un pays à coup sûr dépaysant ! Nous ne déconseillerons donc à personne de ne pas s’y rendre, mais nous aurons juste quelques recommandations à faire...

Charlotte & Guillaume



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